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Présence inhabituelle à Port-la-Nouvelle. Le remorqueur « Abeille Flandre » et ses 63 m de long sont venus jeter l'ancre, hier, dans le port audois. La suite d'une longue « tournée » qui a conduit l'équipage du navire dans tous les grands ports de la Méditerranée. Le but est simple : présenter aux élus locaux et à l'administration le nouveau bâtiment d'assistance et de sauvetage qui interviendra dans le secteur.
« L'Abeille Flandre » était basé à Brest depuis 1979. Il a été remplacé en début d'année en Bretagne par « l'Abeille Bourbon ». Alors, plutôt que de rester inactif, le remorqueur a été envoyé en Méditerranée où il remplace, à son tour, « le Mérou », plus ancien et bien moins performant. Sa zone d'intervention s'étend de l'Espagne à l'Italie et jusqu'en Corse. Un rayon d'action conséquent pour un navire prêt à appareiller en moins de 40 minutes, 365 jours par an.
Ce bâtiment est spécialement conçu pour la sauvegarde des approches maritimes. En d'autres termes, il porte assistance aux navires civils en difficulté pour cause d'incendie, de voies d'eau ou de simple panne. Les interventions concernent aussi les hommes à la mer ou les objets à la dérive susceptibles de constituer un danger. « L'Abeille Flandre » intervient dès que la Société Nationale de Sauvetage en Mer ne peut entrer en action. L'essentiel de ses interventions concerne des cargos naviguant au large. Si le propriétaire du navire est une société privée, Abeilles International, le commandant Eddie Marrec ne reçoit ses ordres de missions que du préfet maritime qui n'est autre que le représentant du Premier ministre pour les actions en mer au niveau régional.
En plus des missions d'urgence, « Abeille Flandre » effectue un travail de contrôle régulier. À raison de deux semaines par mois, le bâtiment exerce une surveillance maritime et côtière. Un exemple parmi d'autre, suite au passage au niveau rouge du plan Vigipirate, sa surveillance s'est accrue entre les îles d'Hyères et Fos. Autre intervention de routine, dès que le vent dépasse les 35 nĹ“uds pendant 24h, l'Abeille prend position au cap sud de la Corse. Un second bateau est alors mis en état d'alerte en cas de besoin dans un autre secteur.
Si, statistiquement, les interventions sont moins nombreuses en Méditerranée qu'au large de la Bretagne, le trafic dans la zone Fos-Marseille reste tout de même conséquent.
Nul doute que les 12 membres d'équipage, pour la plupart issus des écoles de marine marchande, prendront leur rôle très au sérieux. Porter secours aux autres est leur mission. Une carte précise toutes les zones d'intervention du bâtiment depuis 1979. À chaque point correspond un sauvetage. Et pour ses hommes, à chaque point correspond une victoire.
Son patron, Charles Claden, l'un des commandants du célèbre remorqueur basé à Brest, a terminé mercredi sa dernière bordée sur le remorqueur mis en service dans la foulée du naufrage de l'Amoco Cadiz au large de Portsall, en 1978, et qui sera remplacé par un tout nouveau bateau au début du mois de mars.
Charles Claden, plus connu dans le milieu maritime sous le nom de Carlos, tient à souligner que "l'aventure de l'Abeille Flandre continue". L'ancien remorqueur va désormais renforcer le dispositif de protection du littoral méditerranéen, avec Toulon comme port d'attache.
L'implantation de l'Abeille Flandre, tout comme celle de l'Abeille Languedoc à Cherbourg avait été décidée en 1979 pour défendre les côtes françaises contre la pollution.
Affrétés par la Marine nationale, les deux remorqueurs peuvent être appelés à tout moment par le Centre régional opérationnel de sauvetage et de secours (CROSS), sous l'autorité du préfet maritime, à se porter au secours d'un navire en difficulté ou sur le point de l'être.
Si des vies humaines ont été sauvées, c'est grâce à l'ensemble du dispositif de sauvetage et notamment les hélicoptères de la Marine nationale et les vedettes de la SNSM (Société nationale de sauvetage en mer), insiste Carlos.
La nouvelle unité basée à Brest sera baptisée "Abeille Bourbon", du nom du groupe privé propriétaire du navire. Elle a été construite en Pologne pour la coque et en Norvège pour l'assemblage et les finitions.
Plus rapide, plus puissante, plus manoeuvrante, l'"Abeille Bourbon" devrait apporter une réponse aux risques futurs générés par les gros porte-conteneurs. Ses équipements permettront également d'évoluer en cas d'émanations toxiques ou explosives.
L'équipage, maintenu à 12 hommes, gagnera une heure pour rejoindre le rail d'Ouessant qu'il surveille de très près dès que le vent dépasse les 25 noeuds (40 km/h).
"Le sauvetage, c'est la sixième marine", assure Carlos, au même titre que les secteurs de la pêche, la plaisance, le commerce, la marine nationale et la marine scientifique.
Ses meilleurs souvenirs ? Il répond sans hésiter que ce sont les sauvetages de vies humaines. Comme par exemple en 1988, lorsque sous le commandement de Jean Bulot, le remorqueur sava les 30 marins-pêcheurs de l'Alcor.
"Il n'y avait plus que nous. Il y avait tellement de vent et de mer que personne ne pouvait plus rien faire pour eux. Bulot avait fait une manoeuvre formidable. Nous, on était sur le pont. Tout le monde a été blessé", raconte celui qui a embarqué en 1980 sur le remorqueur avant d'en devenir le commandant en 1994.
Ces sauvetages ont marqué l'épopée du remorqueur et de son équipage qui n'a cependant pu éviter de grandes pollutions au large de la Bretagne, lors des naufrages des pétroliers Gino (1979), Tanio (1980), Erika (1999) et du chimiquier Ievoli Sun (2000).