Historique :
Mis sur cale le 25 mars 1960, mis à flot le 17 mars 1962. Et là, tel que ce fut pour son prédécesseur, tout s'arrête, mais pour d'autres raisons. En effet, il y eut la décision de doter le bâtiment d'un ensemble propulsif entièrement nouveau, composé de deux Diesel AGO et d'une turbine à gaz. Les avantages de ce système consistaient en une économie de poids de 140 tonnes, gain reporté sur le combustible dont on peut embarquer 100 tonnes de plus : le rayon d'action du bâtiment aux allures de croisière est augmenté d'environ 50 %. Il s'en suivit une rentrée en forme de construction le ler octobre 1966. De profondes modifications de structure étant nécessaires, le Balny n'en sortit que le 16 mars 1968. Armé pour essais le 30 novembre 1968 (date inscrite sur la cloche), il fut admis au service actif en février 1970 après avoir effectué sa traversée de longue durée en Amérique du Nord et du Sud en octobre et novembre 1969.
Sa première affectation à la flottille des escorteurs de l'Atlantique le mènera jusqu'à Leningrad en conserve de la Jeanne d'Arc. Rentré à Toulon, il est présenté à l'exposition navale d'octobre 1970, pour repartir aussitôt effectuer des entraînements d'escadre dans les parages de Malmöe. Première croisière en Afrique noire en 1971. Envahi par l'équipe cinéma de Schoendoerffer, le Balny fut en 1972 l'une des vedettes du film "Sept jours en mer" avant d'être envoyé dans l'océan Indien de 1973 à 1975, avec Diego Suarez comme port- base. Il fit alors battre le pavillon au long des côtes est de l'Afrique et de Mombasa au Koweït.
Au cours de l'année 1974 entre Djibouti et Diego Suarez. Un ou deux jours après le départ de Djibouti, la ligne d'arbre s'est cassée ; le USS Mullinix est alors venu le chercher pour le prendre en remorque puis c'est le Victor Schoelcher qui le conduit jusqu'à Diego-Suarez.
C'est véritablement à partir d'août 1976 que le Balny va pleinement vivre sa destinée. Basé à Tahiti depuis le 16 septembre 1976, il y reste affecté près de 18 ans, jusqu'en mai 1994, écumant le Pacifique d'île en île. L'Australie, la côte ouest des Amériques, Hawaï, Guam, l'Indonésie, Hong Kong et Clipperton, ainsi que de nombreuses autres escales ne seront pas oubliées par ce grand voyageur portant haut le pavillon français.
1978
22 octobre et 26 novembre : Premières cérémonies de parrainage à Avricourt et Lorient. La plus petite ville marraine de France parraine un aviso-escorteur. Deux communautés de même importance (Avricourt, 195 habitants, Balny, 150 hommes) se rassemblent à l'initiative de la Marine nationale. Une délégation de l'équipage comptant 60 marins, la clique des fusiliers marins vont encadrer la population et les personnalités créant l'événement dans un petit village picard, berceau de la famille Balny d'Avricourt. En retour, c'est le village presque au complet avec son école, le conseil municipal, le garde champêtre, son percepteur et son facteur qui va envahir le Balny à Lorient. Un grand moment pour tous.
1979
Le 28 novembre, à Papeete, le Balny reçoit à bord l'équipage du brise-glace USS Glacier (en route pour le pôle Sud) ; Miss Tahiti, dont le sourire devait briser la glace, était l'invité d'honneur, épaulée par Paul-Emile Victor.
1980
Le Balny défile dans les rues d'Avricourt le 26 juin à l'occasion de la fête patronale (réplique en carton, si fidèle que l'on s'y serait presque cru).
1982
Du 13 avril au 29 juillet a lieu la première mission "Boat People", mission humanitaire qui va amener le Balny à arracher des griffes des pirates 14 bateaux surchargés de 400 réfugiés indochinois dérivant dans le golfe de Siam et en mer de Chine.
21400 nautiques en 107 jours de mission réussie vaudra aux membres de l'équipage les félicitations du président de la République et du ministre de la Défense pour "la façon exemplaire dont ils se sont acquittés de cette mission".
En 2004, l'hélice d'un de ces bateaux de réfugiés était encore conservée, comme une préciseuse relique au Service Historique de la Marine à Brest avec les messages de félicitations reçues par le Balny :
- Charles Hernu (Ministre de la Défense) au commandant du Balny : "Je tiens à vous féliciter ainsi que tous les officiers, officiers-mariniers et marins qui sont sous vos ordres pour le dynamisme et l'efficacité dont vous avez fait preuve".
- François Mitterand (Président de la République) : "Je vous demande de transmettre à tous les membres de l'équipage du Balny le témoignage de ma vive satisfaction pour la façon exemplaire dont ils se sont acuittés de cette mission"
1985
Mois d'octobre agité pour le Balny chargé de faire respecter l'interdiction de passage dans la zone de 12 nautiques autour de Mururoa à la veille d'essais de grande importance pour la Défense. Il faut faire échec à une offensive de Greenpeace. "Touche pas à ma bombe" titre le Parisien libéré... L'affaire est médiatisée au maximum. Le Balny va jouer au chat et à la souris en compagnie de l'EV Henry. Il faut agir avec doigté pour bloquer Greenpeace sans faire d'éclat pouvant être jugé sévèrement par l'opinion internationale. Tout incident fut évité grâce à de savantes manoeuvres. L'opération Greenpeace se termine par le fiasco des perturbateurs.
1986
Le 6 mars à 21 heures, des cris stridents s'échappent dans les coursives à proximité de l'infirmerie. Une communication à l'équipage rassure tout le monde : le premier enfant du Balny est né, la mère et l'enfant se portent bien... Le bâtiment mouillait à ce moment devant le village de Kauemi, atoll de l'archipel des Tuamotu. Le médecin du bord, alerté par le maire, avait procédé à un accouchement difficile. Les parents reconnaissants ont décidé de nommer le nouveau-né Balny. Mention en a été porté sur le journal de bord.
1987
Le Balny va patrouiller en mer de Chine le long du rail maritime Hong Kong - Singapour. Rompu à ce style d'opération, 600 Boat-People seront sauvés d'une mort certaine, dans ce secteur pourri par les pirates thaïlandais, n'hésitant pas à massacrer sauvagement les passagers de ces coques de noix fuyant un régime totalitaire. Mars : Mission de soutien aux visites officielles faites aux Samoa et aux Tonga par Gaston Flosse, à l'époque secrétaire d'Ftat pour le Pacifique sud. Le Balny montre le pavillon à l'occasion d'importantes réunions internationales visant à renforcer la solidarité entre les états polynésiens, contribuant ainsi au rayonnement de la France dans la zone Pacifique.
18 juillet : Le Balny reçoit la médaille de "Le Verrier", astronome illustre considéré comme le fondateur de la météorologie française, pour services éminents rendus à la Météo, première distinction de ce genre décernée à un bateau de guerre affecté en Polynésie. Non sans raisons, car pour pallier les moyens d'alerte insuffisants dans cette région, le Balny eut à se transformer en station météo flottante, chargée de suivre l'oeil des typhons, particulièrement en 1983 et 1986. Cela signifie une navigation de 10 jours par une mer d'une force exceptionnelle, très éprouvante pour tous. Ces missions furent suivies d'opérations d'assistance aux Tuamotu dans le premier cas, aux Australes dans la deuxième.
1988
Sur la route de retour vers Lorient, le Balny va recevoir le 10 septembre un message urgent : mission humanitaire au profit du Bangladesh. A Colombo, un chargement de 100 tonnes de riz, soit 2000 sacs, va être embarqué, non sans difficulté, la fonction cargo n'étant pas tellement prévue sur les avisos. Après 3 jours de mer, le précieux chargement sera distribué à Dacca, apportant une aide de première urgence à une population affamée et décimée par des inondations catastrophiques.
1990
Papeete est en fête du 23 au 25 mai, le deuxième parrainage du Balny va voir se dérouler des festivités chaleureuses. Réception à la mairie, cocktail, déjeuner agrémenté de danses, concours radiophonique et sortie en mer vont couronner la fête. La population de Tahiti a manifesté son attachement à l'aviso qui, pendant 14 ans, avait assuré sans faillir de nombreuses missions de service public et d'assistance aux populations.
1993-1994
Croisière "Asie". Croisière d'adieux au Pacifique ouest. Le Balny va montrer son pavillon, des Salomons à Manille, puis Hong Kong, le Japon, via Pusan en Corée, ensuite sur la route du retour, Guam. Après ce périple, ce grand randonneur sillonera une dernière fois les eaux de la Polynésie, avant le retour définitif à Brest. Son remplacement est assuré par la frégate Vendémiaire arrivée à Tahiti le 28 avril 1994.
Il fait ses adieux à Papeete le 10 mai 94 pour effectuer une ultime traversée (il y était depuis le 16 septembre 1976) via Balboa (Panama) et San Juan (Porto-Rico). Il arrive à Brest le 20 juin 1994, accueilli en musique par le Bagad de Lann-Bihoué. Ces machines cesseront de tourner le 30 juin 94, date de sa mise en réserve spéciale.
Les opérations de désarmement se poursuivront jusqu'en août 1994, puis il sert de brise lames devant le club nautique de Brest à partir de novembre. Désormais réduit à l'état de coque, il prend le numéro de désarmement Q708 le 29 août 1995. Il sert ensuite de brise lames à l'Ecole navale depuis la fin mai 1999, à la place de l'escorteur d'escadre Forbin.
Portrait :
Adrien-Paul Balny d'Avricourt
Né à Noyon (Oise), le 11 juin 1849, il entre à l'Ecole Navale le 1er mai 1866. Il est nommé successivement aspirant de 2ème classe le 1er août 1968, aspirant de 1ère classe le 2 octobre 1869, enseigne de vaisseau le 25 octobre 1871.
Il est affecté en 1870, à la Division Navale de Cochinchine sur l'aviso D'Estrées, dans un premier temps en qualité d'astronome lors d'une mission chargée d'explorer les fleuves du Cambodge, puis sur la canonnière Espingole. Après la prise de la citadelle de Hanoï par Francis Garnier le 20 novembre 1873, il participe à l'occupation du delta du fleuve Rouge, s'emparant notamment de Hung-Yen le 24 octobre, puis Phu-ly le 26, Haï-Djuong le 3 décembre. Accompagné de quelques hommes, Balny visite les places fortes du fleuve Rouge et détruit les barrages qui gène la circulation.
A la fin du mois de décembre 1873, Francis Garnier décide de repousser les Pavillons Noirs, qui menaçent Hanoï. Le 20 décembre, au cours d'une attaque, Balny tombe dans une embuscade et est tué et décapité, alors que Francis Garnier, au même moment, subissait le même sort. Son corps fut ramené dans les lignes françaises. Transporté en France, il fut inhumé dans le cimetierre d'Avricourt, près de Noyon.
Commandant :
Capitaine de frégate Herbecq 30 novembre 1968
Capitaine de frégate Mosneron Dupin 31 janvier 1970
Capitaine de frégate Granger Veyron 26 janvier 1971
Capitaine de frégate Capoul 31 janvier 1972
Capitaine de frégate Hugon 15 février 1973
Capitaine de frégate Delcambre 4 février 1974
Capitaine de frégate Mauger 24 juillet 1974
Capitaine de frégate Osmont 28 juillet 1975
Capitaine de frégate Molénat 13 décembre 1976
Capitaine de frégate Jean 13 décembre 1977
Capitaine de frégate Comby 25 mai 1979
Capitaine de frégate Herreman 30 mai 1980
Capitaine de frégate Roy 27 mai 1981
Capitaine de frégate Viriot 13 mai 1982
Capitaine de frégate Brénot 22 mars 1983
Capitaine de frégate Allard 3 octobre 1984
Capitaine de frégate Souleau 17 septembre 1985
Capitaine de frégate Filiette 4 novembre 1986
Capitaine de frégate Jévardat de Fombelle 28 août 1987
Capitaine de frégate Voisin 29 juillet 1988
Capitaine de frégate Célérier 11 août 1989
Capitaine de frégate Toubon 17 août 1990
Capitaine de frégate Mazars 9 août 1991
Capitaine de frégate Jean-Pierre Teule 14 août 1992
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